Journée internationale de l'alphabétisation

Publié le 4 Octobre 2011

Plus de 700 millions d'analphabètes dans le monde

«Après le pain, l'éducation est le premier besoin d'un peuple.» - Danton  (1759-1794)
Cette citation de Danton prononcée le 13 août 1793, à la tribune de l'assemblée révolutionnaire de la Convention, avançant le projet d'une instruction publique, gratuite et obligatoire, demeure malheureusement d'actualité. En effet, c’est aujourd’hui loin d’être le cas: plus de 100 millions de filles et de garçons ne vont jamais à l’école.  Quant à ceux qui sont scolarisés, la qualité de l’enseignement qu’ils reçoivent laisse parfois tellement à désirer que leur maîtrise des compétences de base est souvent précaire.
Alpha-3.jpgD’après les statistiques officielles, 1 individu sur 5, dont 2/3 de femmes n’est pas alphabétisé, 67,4 millions d’enfants ne sont pas scolarisés. Ce sont donc 759 millions de personnes qui sont analphabètes. Mais ce chiffre ne rend pas compte des millions d’autres qui n’ont pas de bases assez solides pour pouvoir apprendre, comprendre et communiquer convenablement dans leur vie quotidienne.


Droit à l'éducation

En fait, aujourd’hui dans le monde, même si le droit à l’éducation  est mentionné dans le cadre de l'Article 26 de la Déclaration universelle des droits de l'homme : «Toute personne a droit à l’éducation. L’éducation doit être gratuite, au moins en ce qui concerne l’enseignement élémentaire et fondamental. L’enseignement élémentaire est obligatoire. L'enseignement technique et professionnel doit être généralisé; l’accès aux études supérieures doit être ouvert en pleine égalité à tous en fonction de leur mérite. 2. L’éducation doit viser au plein épanouissement de la personnalité humaine et au renforcement du respect des droits de l'homme et des libertés fondamentales. Elle doit favoriser la compréhension, la tolérance et l'amitié …», on est loin de ces belles paroles, puisque rappelons-le, 16% de la population mondiale est analphabète.

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En France, la situation n'est guère envieuse. En effet, le journal  Les Échos nous apprenait en 2010, via une étude de l'INSEE, que l'illettrisme touche 3,1 millions de personnes en France, soit 9 % de la population âgée de 18 à 65 ans. Dans l'ensemble, ce sont des personnes qui ont été scolarisées mais qui rencontrent des difficultés dans la vie quotidienne pour écrire une liste de courses, faire des démarches administratives, trouver son chemin sur une carte… Les trois quarts de ces personnes ont le français pour langue maternelle, plus de la moitié (57 %) ont un emploi. Par ailleurs, l'étude révélait que, dans le monde du travail, 8 % des personnes sont illettrées

Parcours du combattant
Souvent, la personne analphabète est dans une situation d'exclusion extrême. Elle ne peut pas trouver d'emploi car celui-ci nécessite souvent la maîtrise de l'écrit, ne serait-ce que pour déposer une candidature. La moindre démarche administrative, comme le paiement d'une facture ou d'un loyer, devient un véritable parcours du combattant. Les illettrés vivent souvent leur handicap dans la honte et utilisent des techniques de contournement pour ne pas dévoiler leurs difficultés. Par exemple, au restaurant avec un ami, l'analphabète dira au serveur: «je prends comme lui». Subtil et efficace.
Selon Marie-Jo Touche, responsable de la question au Secours Catholique , interrogée sur le site  actions solidaires, «l'illettrisme ne se limite pas à la lecture ou l'écriture mais concerne aussi l'incapacité à communiquer convenablement, l'impossibilité de se repérer dans l'espace et dans le temps avec, par exemple, toutes les difficultés liées à la lecture de l'heure.»

Des constats encourageants

Alpha1Depuis sa fondation en 1946, l’UNESCO joue un rôle prépondé-
rant
dans les efforts déployés partout dans le monde en faveur de l’alphabétisation et veille résolument à ce que l’alphabétisation demeure une priorité dans les programmes nationaux, régionaux et internationaux.

Selon l' UNESCO, les régions où les taux d’alphabétisme sont les plus bas sont l’Afrique subsaharienne, l’Asie du Sud et de l’ouest et les États arabes : 60 % de personnes ne savent pas lire et écrire, malgré une progression de l'alphabétisation depuis les années 1990. Des constats sont tout de même encourageants, comme les effectifs du primaire qui en forte augmentation en Afrique subsaharienne et en Asie du sud et de l’ouest, avec près de 20 millions de nouveaux élèves dans chaque région.
Pour l'organisme international, l'implication politique est essentielle pour faire progresser les taux d'alphabétisation. Pour ce faire, l'UNESCO souhaite intégrer la politique et le financement de l’alphabétisation des adultes; coordonner la mise en œuvre des programmes d’alphabétisation par le secteur public, le secteur privé et la société civile; augmenter les ressources budgétaires pour l'éducation; mettre en œuvre des programmes sur la compréhension des besoins des apprenants, avec des objectifs d’apprentissage clairs et la fourniture de matériels d’apprentissage adéquats; un vrai métier "d'alphabétiseur", avec une rémunération, un statut professionnel et des possibilités de formation et des politiques linguistiques appropriées. Les politiques d'alphabétisation s'inscrivent ainsi dans les objectifs d'éducation au développement durable.

Malgré ces résultats et ces politiques, il reste encore beaucoup à faire. La Croix-Rouge française continue d'alerter sur l'enjeu majeur de l'accès aux savoirs de base. Un enjeu laissé à l'abandon, selon l'organisme, par les pouvoirs publics et pour lequel seules les associations continuent à se mobiliser. 

 


Photos : United Nations Photo

 

 


Rédigé par Corinne Sorin

Publié dans #Société

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