Une aventure en VR (camping car)

Publié le 4 Octobre 2011

400 jours et 80 000 km à travers les Amériques

SALON-VR-Grandmont-3.jpgTraversée de la Bolivie, en passant par l’Altiplano, cet immense plateau dans la Cordillère des Andes. (CRÉDIT : Collection personnelle Famille Grandmont/Bisaillon)

400 jours en famille avec trois adolescents, sur la route des Amériques, en véhicule récréatif. C'est le pari qu'ont réussi Josée Grandmont et Jean-Yves Bisaillon et leurs trois enfants, entre le 15 juin 2007 et le 21 juillet 2008, alors que, partis de l'Avenir, un petit village québécois près de Drummondville, ils ont parcouru 80 000 km sur le continent américain, multipliant ainsi les rencontres et des paysages à couper le souffle.

Comment est née cette envie de partir en famille?
Josée Grandmont : Depuis sa jeunesse, alors qu'il parcourait le monde sac au dos, Jean-Yves caressait le rêve de voyager avec sa famille. Un jour, nous avons réalisé que tout ce que nos enfants avaient besoin, c’était nous, notre présence. C’est l’élément déclencheur de notre fabuleux projet.
Quels étaient vos objectifs en mettant en branle une telle aventure?
JG : Démontrer à nos enfants que la vie ce n’est pas seulement travailler plus pour consommer plus, c’est tellement autre chose. La liberté a beaucoup plus de valeur.
Vivre simplement avec nos enfants une année complète, collés les uns sur les autres, centrés sur l’essentiel, avec tous les efforts et les compromis que ça implique.
Transmettre à nos enfants nos valeurs, nos connaissances, notre goût de l’aventure, nous dévoiler tel que nous sommes.
Comment se prépare-t-on à un tel voyage, psychologiquement et logistiquement?
JG : Voyager à long terme c’est une façon de vivre : être toujours prêt à relever les défis, accepter les différences et aimer l’inconnu. Depuis qu’ils sont tous jeunes, nous avons préparé nos enfants à oser. Logistiquement, on adopte le principe du sac à dos : plus il est lourd, plus il est difficile à transporter. Il faut donc être capable de vivre avec le minimum.
Votre mari et vous êtes des passionnés de voyage, était-ce le premier en VR?
JG : Le VR a été acheté spécifiquement pour notre projet.
Quel âge avaient vos enfants lors de ce voyage?
JG : Lors du départ, Camille avait 14 ans, Jérôme 13 ans et François 12 ans.

SALON-VR-Grandmont 1Voici la famille Grandmont-Bisaillon au Brésil sur les hauteurs de Rio de Janeiro: de gauche à droite, à l'avant: Camille, Josée et à l'arrière, Jérôme, Jean-Yves et François.. (CRÉDIT : Collection personnelle Famille Grandmont/Bisaillon)

Comment arriviez-vous à concilier l'enseignement de vos ados, la promiscuité, l'inconnu, etc...?
JG : Ça prend beaucoup d’amour pour vivre une année complète dans la promiscuité. Ce n’est pas toujours évident pour des ados. On apprend rapidement à respecter la bulle de chacun. L’avantage comparé à ceux qui ont vécu la même expérience en bateau, c’est que nous, le soir, on récupère notre espace, notre intimité.
L’enseignement demande beaucoup de discipline. Au début, je devais pousser pour faire les cours. N’étant pas enseignante de formation, j’avais tout à établir : comment enseigner, quoi enseigner, trouver le meilleur temps dans la journée bref, la meilleure façon de fonctionner. Avec le temps et la fatigue qui s’accumulait, mon intérêt diminuait alors que celui des enfants grandissait. Ce sont eux qui me demandaient de faire les cours. En faisant le bilan de notre voyage, on a constaté que les études constituaient un défi personnel pour chacun de nos enfants et devenaient salutaires pour eux.
L’inconnu nous nourrit. C’est notre motivation de chaque jour. Découvrir de nouveaux paysages, rencontrer des gens différents, affronter les imprévus,  c’est ce qui nous stimule. C’est précisément ce que nous aimons du voyage d’aventure.
Quel est votre plus beau souvenir?
JG : Difficile d’en nommer qu’un seul! Découvrir le Yukon avec ses grands espaces et ses paysages uniques, ses animaux sauvages et la toundra, le soleil de minuit et son effervescence. La liberté dans sa plus pure expression. Vivre une expérience unique de pêche au saumon sauvage dans la rivière Klutina de l’Alaska. Circuler dans les Andes majestueuses, d’une incroyable beauté, ces montagnes dénudées, d’une extrême aridité.
Rouler pendant des heures sur les routes droites sans fin de la Patagonie, cette immensité désertique du sud de l’Argentine. Apprécier la Côte du Brésil, paysage insolite où les montagnes de granit émergent de la mer et agrémentent les baies d’un collier d’îles rocheuses. Région tout à fait irrésistible pour sa température plus que confortable et pour la légendaire  joie de vivre des Brésiliens. Remonter l’Amazone sur plus de 1500 km, se laisser voguer lentement sur ses eaux brunes et découvrir la vie particulière des habitants de la berge.

SALON-VR-Grandmont 4On dit que la Terre de Feu au Chili est absolument magnifique. Il est vrai que des paysages à couper le souffle se succèdent : Déserts arides, lagunes de l’altiplano, forêts, steppes, plaines, canyons, oasis, volcans aux cimes enneigées, fjords, fleuves, lacs, glaciers, îles… (CRÉDIT : Collection personnelle Famille Grandmont/Bisaillon)  

Et votre pire cauchemar?
JG : L’inquiétude lorsque les enfants étaient malades. Comme quand François était aux prises avec de fortes fièvres et diarrhée sévère alors que nous étions dans les Andes, au milieu de nulle part, à 2 jours de  route de la ville la plus proche. Nous l’avons hospitalisé in extremis à Cuzco, au Pérou. Se trouver prisonniers dans un gigantesque nuage de fumée de plus de 100 kilomètres de long. Nous étions à Buenos Aires en Argentine. Ou encore, les frontières, désorganisées, sans aucune efficacité, de longues files d’attente sous une chaleur accablante. On a franchi 40 fois les frontières!
Conduisiez-vous tous les deux?

JG : Comme la conduite en Amérique latine est un sport extrême, Jean-Yves en avait la responsabilité. Malgré la courtoisie, les règles sont parfois nébuleuses et le jugement du conducteur est constamment sollicité.
400 jours, 80 000 km, des découvertes fabuleuses tant les paysages que les populations, des centaines d'anecdotes, mais que vous reste-t-il de particulier de cette aventure?

JG : Au-delà de tous ces beaux paysages que nous avons vus  et à travers toutes ces expériences que nous avons vécues,  un lien indestructible s'est créé entre chacun de nous. Nos adolescents ont acquis une maturité, un sens critique et une ouverture d’esprit qui rassurent les parents. Nous avons appris à faire confiance à nos enfants et la communication entre nous est véritable.
Grâce à ce tour de l'Amérique, avez-vous réussi à partager votre passion à vos enfants?
JG : Camille se voit déjà étudier aux Beaux Arts en France. Jérôme et François ont trouvé un emploi pour l’été prochain en Colombie-Britannique. Camille est présentement au Cégep à Trois-Rivières. L’an prochain, Jérôme ira au Cégep de Chicoutimi et François sera à Lennoxville. Je crois que pour eux, les frontières n’existent plus.

Pour en savoir encore plus sur leur aventure, vous pouvez consulter leur site à l’adresse suivante :  www.enroutepourlesameriques.ca

SALON-VR-Grandmont 2Au Pérou, dans la Cordillère des Andes, la plus grande chaîne de montagnes du globe. (CRÉDIT : Collection personnelle Famille Grandmont/Bisaillon)

© Corinne Sorin - Tous droits réservés

Rédigé par Corinne Sorin

Publié dans #Aventure

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P
<br /> <br /> En effet, je crois que lorsque les parents et les enfants ont une telle promiscuité, ils se connaissent bien. Pour les enfants ce voyage est merveilleux : beaucoup d'enseignements naturels en<br /> plus de l'enseignement fait par les parents, ils apprennent la liberté, la connaissance des choses, la famille. C'est une grande expérience qui leur ouvre des horizons. Ils n'ont plus de<br /> frayeurs, ils sont surs d'eux. Ils peuvent aller n'importe où, ils ont prêts et ont acquis les moyens d'affronter la vie.<br /> <br /> <br /> Nous avons eu des reportages ou les parents et les enfants partent en général au moins un an. Tous à l'unanimité sont prêts à recommencer cet expérience.<br /> <br /> <br /> Mais ne faut-il pas faire parti des nantis car ces voyages ont un coût ?<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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