L’automobile dans la chanson francophone

Publié le 30 Septembre 2011

Morceaux choisis

L'autre jour, en écoutant la chanson « Chet Baker» de l'album «Divinidylle» de Vanessa Paradis, je me suis demandée qui était ce Raymond Loewy qu'elle évoque dans la phrase: «Sous la pluie, écouter Chet Baker, Au fond d'une Studebaker signée Raymond Loewy».

Ces paroles méritent finalement qu’on s’y arrête, car Jean Fauque (le parolier attitré de Bashung), fait référence à un épisode important de l’histoire de l’automobile. En réalité, Raymond Loewy peut être considéré comme un des pères du design industriel. La légende dit qu’il aurait dessiné la fameuse bouteille de Coca-Cola. Mais il a aussi travaillé pour les transports et notamment l’automobile. Les plus importants travaux qu’il a réalisés l’ont été pour la marque américaine Studebaker. Une collaboration démarrée en 1936 et qui s’est étendue sur presque 30 ans.

En 2007, Vanessa Paradis fait référence à une page importante de l’histoire de l’automobile avec cette Studebaker signée Raymond Loewy. Photo: DR

Hommage à Enzo Ferrari
Cette idée d’utiliser des automobiles dans les chansons n’est pas nouvelle. Charles Trenet et sa «Nationale 7» en 1955, Bourvil avec «À pied, à ch’val et en voiture» en 1957, mais aussi Serge Gainsbourg et sa «Ford Mustang» en 1968, ou encore cet hymne à la Rolls Royce qu’il composa en 1971. «Les ailes de la Rolls effleuraient des pylônes; Quand m'étant malgré moi égaré; Nous arrivâmes ma Rolls et moi dans une zone dangereuse, un endroit isolé; Là-bas, sur le capot de cette Silver Ghost de 1910 s'avance en éclaireur la Vénus d'argent du radiateur…»
Quant à Christophe, il est un vrai mordu d’auto, surtout si elles sont italiennes. On le sent dès «Le dernier des Bevilacqua», chanson autobiographique issue de l’album «Les Mots Bleus». Il y évoque alors la voiture rêvée, un “coupé façon Pininfarina”.
Mais c’est dans l’anecdotique album «Bevilacqua», sorti en 1995, qu’apparaît un titre entièrement dévolu au Commandatore. «Enzo» est un texte hommage à ces carrosseries qui font tant rêver le chanteur. La Ferrari y apparaît comme symbole d’un pays, une passion commune. «Rouge est ta couleur, gravée dans le coeur de tous les ouvriers». Les modèles les plus emblématiques y sont évoqués, Testarossa, California, Daytona. Ce morceau, assez long, est une véritable ode au cheval cabré.
Une tout autre ambiance enfin dans «On achève bien les autos», métaphore d’un amour dans une vielle américaine, où la voix fatiguée de Christophe traduit si bien l’état de délabrement de l’auto qui l’abrite.

Voici la Testarossa de Ferrari. Photo: Wikimedia Commons/Dan Smith

Enfin, grâce à Benabar et sa chanson «Monospace», la voiture moderne trouve une place dans la chanson francophone et pour cause ! En 2004, l’année où Benabar compose ce titre, les monospaces totalisent plus de 20% des ventes de voitures particulières en France. «Sur la route des vacances en bon chef de famille, au volant d'un monospace avec un cercle en plastique, on appuie dessus ça sort, ça fait porte gobelet et un truc très pratique pour ranger les pièces de monnaie…» Un confort que recherchent de plus en plus les familles d’aujourd’hui.

Et au Québec?
Quel Québécois n’a jamais fredonné les paroles de Luc Plamondon « Dans ma Camaro je t'emmènerai sur tous les chemins d'été. Dans ma camaro je t'emmènerai à San Francisco…» ? Il est vrai que, dans beaucoup de compositions, la voiture rime avec évasion. Pensons aux paroles de Steve Faulkner « Si j'avais un char, ça changerait ma vie. J'irais me promener sur le bord de la Gaspésie. Si j'avais un char, ça changerait ma vie.» Un thème repris d’ailleurs récemment par trois amis, Franck, Dave & Stef, issus de la première Star Académie, qui ont eu, eux aussi, en 2004, des envies d’évasion vers la Gaspésie dans leur chanson «Pinto».
Et puis, il y a Robert Charlebois et sa célèbre «Dolorès» ! Dans le premier couplet, il énumère toutes sortes de marques de voitures allant des Studebaker à une Buick Dyna-Flow en passant par une petite Skoda, une Cadillac Lasalle, à une Lincoln 55 banane sans oublier le beau Edsel rouge et blanc ou son Alfa-Roméo, mais celle qui conduit lorsqu’il pense à Dolorès, c’est bien sa Toronado ! Et dans une autre de ses chansons «Jouez Québec», l’artiste fait même référence à des Peugeot et Chevrolet. Comme quoi il aime ça les «chars» Robert Charlebois !

«Ah oui j'ai eu un beau Edsel rouge et blanc, c'est avec ça que j'ai capoté», dixit Robert Charlebois dans «Dolores». Photo: DR

Décidément, la voiture représente une source d’inspiration inépuisable pour de nombreux chanteurs!